Les "bulles" que vous vous apprêtez à déguster pour les Fêtes proviennent-elles de la région champenoise? Pour un consommateur français, la question ne fait aucun doute. A l'étranger en revanche, elle mérite d'être posée. Au Brésil par exemple, il était autorisé jusqu'à mardi de commercialiser du mousseux brésilien sous l'étiquette "Champagne". Une pratique à laquelle les autorités françaises viennent de mettre fin. Le ministre brésilien en charge du développement, de l'industrie et du commerce Fernando Pimentel a en effet signé mardi 11 décembre l'acte de reconnaissance de l'appellation d'origine géographique "Champagne" à l'occasion de la visite à Paris de Dilma Rousseff, la présidente du Brésil.
C´était CHAMPANHE, maintenant c´est CHAMPAGNE. Ça s´arrose! |
La demande traînait depuis 5 ans :
Toutefois, la demande ne date pas d'hier : elle date de 2007! Pourquoi autant de temps pour cette reconnaissance? "Cela est certainement dû au fait que les autorités brésiliennes ont consulté les producteurs locaux de vins effervescent", pense-t-on au cabinet de la ministre du Commerce extérieur.
Cette reconnaissance va-t-elle avoir un impact sur le volume des importations de Champagne par le Brésil? "Difficile de le dire, ce n'est pas fait dans une logique purement commerciale", considère-t-on au sein du Comité Interprofessionnel des Vins de Champagne (CIVC).
Anglais et Américains sont les plus grands amateurs de Champagne :
Le Brésil constitue l'un des partenaires privilégiés de la France pour ses exportations: les ventes de produits français à destination de ce pays sont en augmentation de 20,27% sur la période allant de janvier à septembre 2012 et atteignent 3,466 milliards d'euros selon Le Moci.
Mais l'agroalimentaire n'est pas le domaine qui tire réellement son épingle du jeu. En valeur, les familles de produits qui se détachent sont plutôt les matériels de navigation aérienne et spatiale, les équipements mécaniques et chaudières et les véhicules.
Concernant le Champagne, les principaux pays importateurs sont, dans l'ordre, le Royaume-Uni, les Etats-Unis (19,4 millions de bouteilles importés en 2011) et le Japon, puis l'Allemagne, la Belgique, la Chine... Sur les 323 millions de bouteilles de Champagne vendues en 2011, 44% (soit 143 millions de bouteilles) l'ont été à l'export. Le Brésil s'est porté acquéreur d'un million de ces bouteilles, soit 7% de plus qu'en 2010. On comprend donc que l'enjeu de cette reconnaissance d'appellation réside davantage dans la protection d'une image de marque que dans l'espérance d'un accroissement considérable des volumes de ventes.
Deux visions s'opposent :
Dans la même logique, les autorités françaises sont actuellement en négociations avec la Chine pour obtenir la même reconnaissance et éviter ainsi que le terme "Champagne" ne soit galvaudé.
Au sein de l'Union européenne, le droit communautaire reconnaît les appellations d'origine géographique, il y a donc relativement peu de difficultés à faire respecter l'usage du nom "Champagne". En revanche dans d'autres pays, en particulier ceux où le droit est d'inspiration anglo-saxonne, comme aux Etats-Unis, le droit des marques prévaut sur la protection géographique. Les négociations s'y annoncent donc plus tendues. "Il y a clairement deux visions qui s'affrontent", explique-t-on au cabinet de la ministre du Commerce extérieur. La Russie et les Etats-Unis ne reconnaissent pour l'instant pas cette appellation et des producteurs nationaux peuvent donc y commercialiser des mousseux sous le nom de "Champagne" en toute légalité.
Au rayon des initiatives pour la reconnaissance du patrimoine champenois, une autre action retient l'attention : le dépôt le 21 septembre dernier d'une demande d'inscription des "Coteaux, Maisons et Caves de Champagne" au Patrimoine mondial de l'Unesco par une association de producteurs. A charge au gouvernement français de choisir en janvier 2013 les deux candidatures qui représenteront la France dans cette compétition, dans la catégorie "paysages culturels".
Latribune